Prendre des mesures en faveur de la durabilité, ce n’est pas toujours évident. C’est pourquoi nous souhaitons vous inspirer en partageant des témoignages de collègues de votre secteur. Luyten Interiolizers a opté pour une approche progressive. L’entreprise fait ainsi des choix durables sans perdre de vue la réalité du terrain d’une entreprise manufacturière.
Luyten Interiolizers ne crée pas des intérieurs classiques. L’entreprise aime aller un peu plus loin. Elle privilégie les designs audacieux, les matériaux exclusifs et les projets sur mesure pleins de défis. La production de meubles se fait en interne. Luyten Interiolizers coordonne en outre des projets complets de rénovation et de construction, de la démolition au nettoyage. En plus du segment résidentiel haut de gamme, l’entreprise s’adresse aussi aux secteurs du commerce de détail, des bureaux et des soins de santé. Avec sa propre collection de meubles design, exposée dans des galeries à Paris, New York et Sydney, entre autres, elle s’implante également à l’international.

L’entreprise a été fondée en 1969. Comme c’est souvent le cas pour les PME en pleine croissance, les bâtiments de l’entreprise ont été agrandis au fil du temps. Jusqu’à ce que Luyten atteigne la limite de ce qui était possible en matière d’extension. Le moment était venu de se lancer dans un ambitieux projet d’innovation et de durabilité.
« Tout a commencé par la décision d’investir dans un logiciel CAD/CAM et par la modernisation en profondeur du parc de machines afin d’assurer une production plus efficace et plus durable », explique Bert Luyten, directeur de l’entreprise. « Pour cela, nous avions également besoin de plus d’espace. Nous avons donc entièrement rénové le bâtiment de l’entreprise. Comme nous ne pouvions pas augmenter l’empreinte au sol, nous avons construit en hauteur : l’entrepôt de panneaux, l’entrepôt de fer et la cabine de peinture ont été installés à l’étage. Les bureaux sont quant à eux répartis sur trois étages. »
Aucun compromis n’a été fait en matière d’isolation. « L’isolation, c’est la base d’un bâtiment durable. Ici, elle répond aux normes les plus strictes. Pour les installations techniques, nous avons opté pour une approche progressive : nous avons mis en œuvre ce qui est réalisable et rentable aujourd’hui, tout en anticipant la possibilité de passer ultérieurement à des techniques plus durables. »

Le chauffage par le sol était un choix évident pour Luyten. « C’est une solution économe en énergie et parfaitement compatible avec un futur système de pompe à chaleur. À l’heure actuelle, le système fonctionne en partie grâce à la chaleur résiduelle de notre compresseur. Pour l’instant, pour nos besoins de chauffage supplémentaires, nous avons recours au gaz, car une pompe à chaleur n’était pas encore rentable. » Nous en installerons probablement une par la suite, de même que des panneaux solaires sur le toit de notre espace de production, dès qu’il aura été rénové. La cabine haute tension du site est d’ores et déjà équipée pour permettre le raccordement ultérieur de ces technologies.

Bert Luyten le sait, on ne peut pas tout faire en même temps : « La durabilité est un processus graduel. Il faut faire des choix, évaluer ce qui est financièrement réalisable et se lancer en étant bien informé. » L’un de ces choix mûrement réfléchis a été l’installation d’un système d’aspiration des poussières à faible consommation d’énergie. « Nous travaillons avec quatre moteurs qui se mettent en marche graduellement, de sorte que le système tourne à la puissance nécessaire, mais pas plus. L’investissement était plus élevé, mais si vous pouvez vous le permettre, c’est un choix très intelligent. »
Par ailleurs, nous avons directement investi dans une nouvelle cabine de peinture. Celle-ci est conforme à la réglementation ATEX et fonctionne sans solvants dans toute la mesure du possible, mais pas totalement, car cette technologie est encore en plein développement.
« Dans certains cas, les produits à base d’eau ne permettent pas encore d’atteindre la qualité souhaitée », précise Bert Luyten. Cette installation pourra elle aussi être raccordée à une pompe à chaleur par la suite.

Le système CAD/CAM à la base du projet a été mis en place afin de travailler plus efficacement et de faire des économies en rationalisant notre utilisation de panneaux. « Le système génère des schémas de découpe optimaux afin de limiter autant que possible les pertes lorsque nous scions les panneaux. Les chutes retournent dans l’entrepôt de panneaux et sont automatiquement réutilisées lorsque c’est possible », poursuit Bert Luyten.
La durabilité et les économies vont de pair, puisque notre conteneur de résidus de bois se remplit désormais moins rapidement. La gestion des déchets est un autre aspect environnemental auquel Luyten accorde une grande importance, mais ce n’est pas neuf. Ce qui est nouveau, en revanche, ce sont les clients qui ont des exigences élevées en matière de traitement des déchets. « Dans le cadre d’un projet pour Chanel, nous avons dû littéralement mettre en images notre procédure de tri des déchets sur le chantier et prendre note du nombre de kilos envoyés à tel ou tel transformateur », déclare Bert Luyten à titre d’exemple.

Certains clients demandent déjà si l’entreprise peut présenter un label mais, pour le moment, cette demande reste assez exceptionnelle. « Les uns demandent une certification VCA, les autres un certificat ISO 45001 ou ISO 14001. Nous n’avons pas encore déterminé quel label est le plus adapté dans notre cas. De plus, ces certifications s’adressent davantage aux multinationales. Pour les PME, il n’est pas évident de trouver le temps et les ressources nécessaires pour les obtenir et les ancrer au sein de l’organisation. »
Pour entreprendre de manière durable, il faut oser faire des choix. « Nous sommes une entreprise manufacturière. Les marges sont limitées et les coûts élevés. On ne peut donc pas tout faire en même temps. Commencez par des choix évidents, comme l’éclairage LED, et passez aux investissements plus importants dès que vous en avez les moyens », suggère Bert Luyten. Il est essentiel d’avoir sa propre vision. « Demandez conseil, mais décidez par vous-même de ce qui est réalisable et judicieux pour votre entreprise. De nombreuses pistes sont envisageables, mais en fin de compte c’est à vous de déterminer quel investissement vous aidera à aller de l’avant. »
Un dernier tuyau : si, comme Luyten, vous disposez d’une cabine haute tension, vérifiez la puissance contractuelle. « Souvent, ces cabines sont en mesure de fournir une puissance largement supérieure à ce dont vous avez besoin pour le moment. Si vous faites enregistrer la puissance totale, vous payez des montants inutilement élevés via le tarif capacitaire. Mieux vaut déclarer seulement ce que vous utilisez réellement. Vous éviterez ainsi des frais inutiles. »